Itinéraire à Venise: Un avant goût de printemps! (Un grand merci à Giorgio Vidotto, vénitien amoureux de sa cité, qui a bien voulu me laisser illustrer ce post par ses magnifiques photos) Départ devant “l'Accademia” de Venise... Imaginez une journée printanière, sous un soleil radieux... Nos premiers pas nous mèneront dans le Quartier de San Vio sur une jolie petite place qui a bien changée depuis ses origines,,, Elle porte le nom de l'église San Vito, construite en 912, et qui était dédiée aux saints Vito et Modesto. Trois siècles après, alors que Venise est déjà solide et affirmée, le jeune noble Pietro Gradenigo, 38 ans, podestat à Capodistria, est appelé à retourner en patrie dans les plus brefs délais !!! Il vient d' être nommé doge, contre Jacopo Tiepolo, fils de Lorenzo!!! Le peuple le surnommera Pierazzo pour son impopularité, mais il n'a pas été choisi par hasard... Il a suffisamment de caractère pour prendre une mesure décisive pour le futur de la République vénitienne, en créant une réforme qui sera le vertige de l'évolution de la Sérénissime! ! La fermeture du Grand Conseil... Bien sûr, il va y avoir des réactions..!!! … 28 février 1297: La fermeture du Grand Conseil, ou l'immunité au déclin des communes gouvernées par les Seigneuries! Au 13ème siècle, on avait opté pour certains privilèges à de nombreux fonctionnaires qui s'occupaient de l'administration des terres dominées hors du Ducat... Ces chatelains, consuls, “baili” de Constantinople, appartenaient à la noblesse locale et furent acceptés au sein du Grand Conseil, grâce à leurs compétences techniques bien plus utiles alors que la politique. Cette largeur d'esprit s'étendit aux étrangers qui avaient fait preuve de mérite... Successivement ce fut le tour des hauts fonctionnaires comme les douaniers, les recteurs, les juges et les avocats ….Tous ces membres administratifs avaient un siège assuré au Grand conseil... On finit par réaliser que beaucoup trop de ce monde appartenait à une classe nouvelle, non vénitienne, et qui menaçait, par sa force économique, de corrompre la majorité aristocratique locale et son identité!! Au sein de ce panorama, il y avait une minorité assez solide, qui espérait avec l'aide populaire de devenir la majorité. A la tête de ce parti, Bajamonte Tiepolo et la famille Querini, sont poussés par un vent “oligarchique”. Cette prise de conscience oriente progressivement la majorité vers une réforme visant une république aristocratique : - En abolissant la catégorie des membres élus. -en élargissant le conseil aux jeunes patriciens des familles importantes. -En ne réduisant pas les sièges aux seuls membres agés. - En cessant surtout l'infiltration de gens nouveaux, qui sonts soutenus par le parti démagogique de Tiepolo et des Querini. - En rendant le titre Héréditaire! La famille Tiepolo avait déjà donné deux doges, qui avaient fait chacun des actions intéressantes pour le futur vénitien, dont l'obbligation de la promission ducale et de ses cinq correcteurs, puis plus tard , la création du système électoral de haute complexité pour le choix du doge. A la mort de Giovanni Dandolo, des propositions de transformations ont été faites, mais personne au sein du Grand conseil a opté pour un réel changement... Il faut élire un nouveau doge... Le peuple vocifère en faveur de Jacopo Tiepolo, fils de Lorenzo, bien aimé et illustre pour son cursus militaire et honorifique, mais les nobles choisissent au terme du conclave Pietro Gradenigo! Suite à son election il déchaine les animosités, avec sa réforme très ferme qui passe définitivement Venise de l'Etat de comune à une République aristocratique. En effet, le droit d' être membre du Grand Conseil est réservé à un nombre restreint de familles nobles qui sont membres depuis au moins 125 ans.. Tous les autres sont exclus. Conséquences? deux conjurations!!!! C'est ici que l'histoire vive et croustillante commence, et vous sera racontée dans tous ses détails, lors de notre rencontre, car la place San Vio commémore la victoire en 1310 du doge sur Bajamonte Tiepolo... Qui est-il exactement? Pourquoi agit-il avec les Querini?Quelles en seront les conséquences? Qui est le conseil des 10? A quoi sert le livre d'Or? Suite à cette victoire, le sénat ordonne que chaque année, le 15 juin, le doge et la seigneurie, accompagnés des représentants des grandes écoles et de toutes les institutions vénitiennes se rendraient à l'église de San Vito à bord du Bucintauro pour témoigner leur gratitude, suivi d'un banquet fastueux de cérémonie. Vous comprendrez pourquoi cette place est plutot nue, car pour rendre la scène chorégraphique, il fallait d'une part faciliter le débarquement du Bucintauro, et d'autre part supprimer les constructions pour permettre à la procession de défiler. Nous nous rendrons ensuite dans la cour du “Sabion” nommée ainsi parce qu'elle avait un dépot de sable, qui était vendu par le “sabioniera “ dont la corporation incluait 4 “garzoni “e 37 “capimaestri” du métier . A l'entrée de la cour, le blason de la famille Grimani nous rappelle qu'elle détenait ici des logements pour les défavorisés. Sur quelques mètres, un magnifique jardin emmuré exhibe à la belle saison des glycines odorants...Un petit paradis de bien être qui reste toutefois mystérieux. ..Pas de nom sur les sonneries... Simplement des initiales... Un vieux postier qui connait tous les secrets des palais se rappelle avoir porter des lettres “ Alla sua altezza reale..” A t-il été habité par de hautes personnalités, loin des regards indiscrets?... Combien de demeures vénitiennes dissimulent de subtiles cachoteries ?... Aujourd'hui bien triste de constater qu' il y a des appartements touristiques... Après vous avoir montré le magnifique musée Guggenheim, dont je vous illustrerai l'histoire, nous verrons l'entrée de Cà Dario, qui porte la mauvaise réputation de Palais Maudit... Pourquoi? Une longue histoire très étrange....Sachez en introduction que sa restructuration du 16ème siècle est de Pietro Lombardo et de sa famille, des colosses de l'architecture, pour le compte d'un noble charismatique, le secrétaire du Sénat Giovanni Dario, résident à la cour du sultan Bayazed ll et qui gràce à son habiletè diplomatique, va conclure un traité de paix avec les turcs!!! Mais la suite se raconte de vive voix, car les mystères et les fantòmes sont nombreux à hanter le palais, et ils sont sensiblement perçus par un poète français célèbre... Il s'agit d' Henri de Regnier qui demeure au début du 20ème siècle chez la comtesse de la Baume Plurinel, écrivain et salonnière belge, propriétaire du palais, et qui publie des ouvrages sous le pseudonyme de Laurent Evrard. De Regnier est amoureux de Venise. il va nous la décrire dans deux ouvrages, “Esquisses vénitiennes” et “ L'altane ou la vie vénitienne” De 1908 à 1911, il est membre du club des longues moustaches au café Florian... Juste à coté le palais Casina delle rose se souvient de Canova qui sculpta sa première oeuvre , Dédale et Icare, alors que D'annunzio écrivit au 20ème siècle “Notturno” lors de son séjour avec Eleonora Duse … Puis le palais de la verrerie Salviati, l'église saint Grégoire, Le temple de la Salute, pour rejoindre la Punta della Dogana et son magnifique Panorama...Rappelez vous de Jean d'Ormesson, qui nous écrit “Douane de mer “ un ouvrage de fiction de grand succès qui se réfère à ce lieu. Aujourd'hui elle appartient à François Pinault, entrepreneur français, collectionneur d'art, qui l'utilise pour des expositions d'œuvres contemporaines. Mais comment fonctionnait cette douane, au temps de la Sérénissime? Pourquoi cette magnifique statue girouette, au gré des vents? A L' extrémité de la pointe, votre vue sur Venise sera de toute beauté..Place Saint Marc, La rive des Schiavoni, les iles de Saint Georges et de de la Giudecca et l'église du Rédempteur..Tout vous sera raconté dans ses détails uniques....Les dépots du sel, l'Hôpital des” incurabili, “ la maison de Ruskin, sans oublier des détails de la vie d'aujourd'hui comme l'école privée des Cavanis. Deux heures de découverte, avec une pause cappucino ou glace en terrasse chez Nico, le roi du Gianduiotto!!!!! A bientòt!
isabellefontaine
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